Une petite araignée [Finit]

Timide, triste, rancunière, faeniante, de mauvaise foi, calculatrice, prudente, méfiante, gourmande, sanguinaire, solitaire, patiente, voici quelques mots pour décrire une jeune fille plus complexe qu'ils ne le laissent penser.

... "Shiraori, réveille toi, ce n'est pas l'heure de dormir, madame ne va pas être contente" ... "Maman ?" ... Un rêve, un souvenir d'une vue ancienne. La jeune adolescente se retourne dans sa couche, elle écrase une larme, trace de ce rêve ou effet du bâillement qui arrive. La pièce se trouve dans une demi obscurité, qu'une lampe de chevet repousse à peine. Un papillon de nuit se débats sous l’abat-jour cherchant à sortir de ce piège. Un grésillement, suivit d'un claquement sec et l'obscurité avale toute la pièce. Dans l'obscurité totale, elle se replonge dans le sommeil, il est trop tôt pour se lever. Le rêve-souvenir, revient, l'éclat de la lumière est vif, la main de sa mère la secoue d'abord doucement, puis avec vigueur. Lachant un souffle de lassitude et de mécontentement, la jeune enfant se lève et regarde celle qui vient de la tirer de son sommeil ... "Allez debout, vite, tu es en retard" ... Toujours la même remarque, tous les matins,, encore et encore. Elle enfile une robe simple d'un blanc impeccable, puis attache le tablier autours de sa taille bien trop fine pour une jeune fille de son age.

L'odeur est la première chose que Shiraori remarque, toujours la même, celle du sang et de la chair. Puis le bruit que font les gens lorsqu'ils parlent. Madame est au centre, elle rigole, lorsqu'elle aperçoit la jeune fille, son expression change. Le rire devient cri et tous se taisent. Elle se dirige vers la jeune fille, son pas est lourd du fait de son poids imposant. La gifle vient s'écraser sur la joue, y laissant une trace, le sang perle légèrement ... "Que fait-tu là, rend toi à la cuisine !" ...

De ses parents, la jeune fille n'a plus que sa mère, son père ayant été tué par le CCG. Madame a accepté d'offrir à elle et sa mère, un toit et de la nourriture. mais rien n'est gratuit dans ce monde. Les faibles ont besoin des forts pour survivre, à moins de choisir une autre voie. Mais une enfant n'a pas le choix si elle veut vivre.

Les années passent, puis un jour la jeune fille refuse de se lever, elle est fatiguée, épuisée, trop de travaille pas assez de nourriture. Sa mère la supplie, mais rien n'y fait. Ceux qui sont inutiles sont jetés, comme on jette un déchet. Finit le confort, même relatif qu'offrait Madame. Ce qui devait arriver, arriva, la faim conduit à la chasse et comme souvent pour les faible, la proie n'est pas forcément celui ou celle que l'on croit. Shiraori voit sa mère tuée, non pas par le CCG mais par une goule. Son Kagune rappel une queue de scorpion. Il ignore l'enfant apeuré dont les larmes, silencieuses, noient son visage, se mêlant à la morve. Ce ne pas temps de voir sa mère se faire tuer, que la peur de sa propre fin qui est cause de ces dernières.

Shiraori se réveille, l'obscurité est totale, sa main vint sur son visage et l'essuie, encore des larmes, toujours des larmes lorsqu'elle se remémore ce souvenir. Il temps de se lever, la nuit s'est abatut sur la ville. En tâtonnant, elle trouve la télécomande de la télévision. La lumière de l'écran, blafarde, éclaire son visage. La première image est celle d'un massacre, de corps mutilés, puis la présentatrice apparaît. Plusieurs actes terroristes, œuvrent de goules, viennent de frapper la ville, un nom revient Higanbana. La jeune adolescente regarde comme hypnotisée, les images, elle se moque des paroles des journalistes et autres experts, seuls les images l'intéressent. Elle décide enfin de se lever, elle doit aller travailler. Travailler pour être nourrie, voila à quoi sont réduits les faibles. Son travaille consiste à appâter les proies vers les mâchoires de celui qui la protège, l'assassin de sa mère.

Les goules sont des prédateurs et les humains leurs proies, mais parmi ces derniers se cachent des monstres. Ils aiment les jeune filles, les enfants perdues, aiment jouer avec elles. Shirori attirent facilement ces derniers et Bummei se charge de les tuer. Pour chaque proie qu'elle lui rapporte, elle a le droit à une partie de leur corps. Un travaille plus rentable que celui chez Madame. D'ailleurs cette dernière aurait été tuée par le CCG, il y a peu. Mais toutes disparitions d'humains attirent l'attention de cet unité du maintien de l'ordre. Et un jour, il arriva ce qui devait arriver. Durant les deux ou trois dernières années, leur tactique portait ses fruits, ils prirent même quelques goules dans les filets que tendaient Shiraori.

Le monde avait changé depuis l'apparition de Higanbana. Les forces du CCG s'étaient reconstituées, certains humains acceptaient les goules et d'autres les traquaient pour eux mêmes. Ce n'est pas que le monde des humains qui a changé, celui des goules aussi. Mais des solitaires, fuyant toutes autorités, restent loin de tout cela. Ainsi malgré les changements, la vie du couple que formait Shiraori et Bummei, n'avait pas changé. Ils continuaient de chasser comme à leurs habitudes, profitant de temps en temps des facilités qu'offrait ce nouveau monde.

Alors que notre couple de goules, se repaissait de leur dernière proie, la mort se présenta à eux. Deux inspecteurs du CCG, surement pas les plus dangereux, ensemble ils auraient put venir à bout, mais seul contre deux Bummei ne pouvait faire le poids. Il ne dit rien, lorsque la jeune femme, fuit le laissant seul. Serait elle restée, s'il n'avait pas tué sa mère, lui devait il cette vie? Nulle réponse à donner, si ce n'est un combat pour sa vie. Shiraori gravit le mur de la ruelle, laissant son protecteur, celui qui la nourrissait seul. Elle ne vit pas le combat, mais quelles étaient les chances de son compagnons. Maintenant, elle se retrouvait seule, peut être pour la première fois. Etait-elle assez forte pour chasser seule ? Si oui, elle n'aurait plus besoin de partager, elle pourrait manger à sa fin.