Elle se répétait : « Ne le mords pas, ne le mords pas, ne le mords pas », et pourtant ça en était tentant à ce stade. Depuis quelques heures, déjà, alors que Chihiro faisait son jogging du matin - pour entretenir son corps de déesse - un homme étrange la suivait de loin, en essayant d’adapter son rythme de course pour paraître naturel. À cause de sa nature véritable, elle sentait ses délicats effluves printaniers sous ses bras et sûrement sous toutes les parties de son corps dans l’ombre. Il reluquait ses adorables fesses rebondies confortablement installées dans un survêtement gris à trois bandes assorti à une veste de la même matière fermée jusqu’au col. En prime, une grosse paire de lunettes noires couvrait ses magnifiques prunelles. Ses longs cheveux se rejoignaient en un capharnaüm sphérique.
Oui, Chihiro en complète bombe sexuelle se rendait parfaitement compte de son sex-appeal en ce moment même. Durant les premières heures elle l’excusa, comprenant tout à fait que l’on veuille lui ressembler, mais après une énième pause pour reprendre son souffle, alors qu’il la suivait encore elle se posa quelques questions. Qui pouvait-il bien être à la fin, un de ces amis ? Non trop moche et gros. Une personne à qui elle a fait du tort ? Impossible, tout le monde l’aime. Un fan ? Possible, mais lui avait-elle déjà adressé la parole ? Beaucoup trop de questions auxquelles elle ne savait pas donner de réponse brute. Exaspérée, elle s’arrêta d’un coup le rencontrant de face ; dégoulinant de graisse et de testostérone liquide, il haletait plus qu’un chien assoiffé. À présent devant son idole, il vira au rouge vif prit sur le fait de sa perverse action. Sans demander son reste donc, il rebroussa chemin bien plus rapidement que ne l’aurait deviné Chihiro.
Satisfaite, elle reprit son chemin d’un pas plus tranquille. Puisqu’elle n’était plus ennuyée par un inconnu - quand même très moche - elle prit un détour pour acheter une boisson dans une épicerie près de chez elle. Un petit magasin très propre, très agréable et climatisé (cela la stressait, car elle ne sentait pas vraiment bon, même pour une idole), tenu par une gentille et jolie petite madame. À vrai dire, elle se demandait si c’était une ghoul, voir La ghoul bienfaitrice des environs, un mystère qu’elle rêvait un jour de résoudre d’ailleurs. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua même pas qu’elle venait de rentrer, toujours aussi couverte, donc suspecte à souhait. Elle ne prenait pas le temps de se dire qu’ainsi habillée elle ressemblait à une parfaite voleuse. Enfin, ça, elle ne le saura jamais puisqu’elle sentit un appendice d’origine inconnue lui saisir le fessier. Le pervers n’avait jamais cessé sa filature.
LÂCHE-MOI GROS PORC, RETIRE IMMÉDIATEMENT TES IMMONDES DOIGTS DE CET ENDROIT SINON JE TE JURE QU’ILS VONT RAPIDEMENT DISPARAÎTRE.