+++Sybile ;
Éclat blanchâtre, pureté,
Délicate, si douce, libre de péché,
Belle sur la scène
Talentueuse comédienne
- lumière aveuglante, aveuglée.
Sybile ;
Perles de lunes, humidité,
Tout comme un rêve éveillé, fantasmé,
Explosion de couleurs
Imagination en sueur
- rose blanche tant aimée.
Sybile ;
Ombre menaçante, obsédée,
Sort ses griffes pour protéger, assiéger,
Haine dans les veines
Terreur dans le cœur - tu es si impure,
miroir brisé.
+++Fille, petite-fille, arrière-petite-fille d'inspecteurs, une bête à tuer dans un costume de colombe.
Entraînée depuis qu'elle est en mesure de comprendre la menace que représente les ghouls, Sybile a appris à manier la quinque à quatorze ans, et a intégré l'une des académies pour juniors du CCG suédois en tant qu'élève surdouée. Diplômée à seize ans, première de sa promotion, elle ne pouvait être que la fierté de ses parents et aïeuls.
Et elle aussi, qui ne connaissait que cette violence à laquelle on l'avait éduquée, était fière d'elle.
Sybile a gravi les échelons vite, et bien. Rien ne survivait à son passage ; les ghouls, les enquêtes, les opérations, le moral de ses collègues, sa vie sociale. Elle a été promue inspectrice de rang 1, puis première classe, tout ça en moins de huit ans.
On l'appelait l'ange blanc, avec son visage délicat et son corps svelte bondissant de proie en proie.
La chasse est dans son sang, poussée en elle depuis sa tendre enfance, et elle ne connaît que ça. Mais Sybile, elle, ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu si elle aurait pu choisir ; non, elle voulait être artiste, poète, comédienne, peintre. Mais eux, les adultes aux manteaux gris, ce n'est pas ce qu'ils voulaient qu'elle soit.
Elle n'a jamais eu son mot à dire, et il n'aurait pas été entendu.
Elle ne pu qu'accepter son entraînement, et n'a jamais eu le temps de se consacrer à la peinture ou l'écriture qu'elle aimait.
Puis il y a eu l'accident.
La traque, une ghoul qui fuit, un inspecteur qui attaque mais n’appréhende pas.
Une mauvaise coordination de l'équipe et une cible imprévisible, c'est ce que disait le rapport excusant l'accident. Un corps déchiré en deux, c'est ce que disait l'autopsie. "Tu es la seule coupable, la seule responsable de tes actions", c'est ce que Sybile se disait.
Et quelque chose à changé. Sa façon de voir le monde, le vide qui se faisait dans sa poitrine, son regard sur ce qu'elle faisait de ses journées. Pourquoi elle se battait - qui était cette humanité qu'elle devait protéger, mais qu'elle venait de blesser ? De détruire ?
N'était-elle qu'une machine à tuer ?
Alors elle a fui. Elle a fui cet air glacé, ces exécutions froides et les mains gelées qu'on lui tendant. N'importe où, tant que c'était loin de tout.
Elle a embarqué sur le premier vol. Tokyo.
Mais une fois arrivée, sa vie fût bien vide. N'ayant jamais fait d'études, les seules qu'elle ai faites étant majoritairement du combat, elle ne pouvait pas trouver de travail. Quoi qu'elle avait de l'argent, assez pour tenir toute une vie sûrement, Sybile ne supportait pas de rester là à rien faire toute la journée.
Elle ne pouvait plus dessiner, plus écrire, plus chanter.
Et puis il y eu la prise de la Terre Rouge.
C'est à contre-cœur qu'elle du faire les démarches pour être transférée de nouveau au CCG, cette fois à Tokyo.
Elle réintégra son milieu optimal, en en restant très détachée. Ça ne lui faisait plus rien de chasser, mais ça lui avait fait quelque chose de tuer. Elle restait là, les bras ballants et la tête dans le vide, à se demander où était passée son humanité. Elle n'avait jamais eu d'amis, d'amours, de doux toucher dans sa vie ; que de la violence à elle-même infliger.
Étrangement, quelque chose qu'elle n'avait jamais connu lui manquait.
Alors elle vit au jour le jour, tant bien que mal, comme un zombie essayant de vivre une vie d'humain, comme une ghoul tentant de vivre une vie normale sans se faire chasser,
à la fois proie et chasseur.